Organisations par temps de catastrophe / mimétique impossible ?

Il nous manque décidément bien des choses dans le monde distancié et digitalisé que la crise sanitaire nous impose. En tout cas, il nous manque deux trésors qui se cachent précisément derrière la proclamation que l’être humain est un animal social : ll nous manque la #synchronisation et le #mimétisme.

"Comment mettre ses pas dans les pas des autres, à distance ?"

Pour celles et ceux qui ont la chance de voyager loin, nous avons tous expérimenté ce geste hésitant, autour de la table, où, copiant l’hôte et guettant son regard et son approbation, on tend la main qui finalement convient, on se saisit du met presque comme il faut, on le trempe à peu près de la bonne manière et on le porte à la bouche.

On imite donc. Et ce faisant, par ce mimétisme et grâce à la synchronisation, qui est réciproque, et par le regard seul, on est invité, on apprends aussi, et on est intégré. Non ; plutôt accueilli, en dépit de nos maladresses qui ne sont pas fautives.

Comment dorénavant cela se passe-t-il ?

Et bien je crois que cela ne se passe plus (ou tellement pas de la même manière). Et cela manque profondément. C’est pourtant irremplaçable et inestimable…

Comment font dorénavant les entreprises qui « intègrent » de nouveaux collaborateurs, de nouveaux membres dans« l’équipe »… Quel défi d’inclure sans voir, sans prendre par la main (sans la donner), sans parcourir, côte à côte, physiquement, ce chemin de l’intégration. Et comment font les "nouveaux" pour apprendre et prendre la cadence, pour mettre leur rythme dans celui des collègues ?

Comment faisons-nous maintenant, sans espace communs et partagés, sans rituels, sans « procession », sans le regard et le toucher, pour accueillir « comme il faut » les entrants, et accompagner « comme ils le méritent » les sortants… ?

Je connais des jeunes recrutés d'un an d'ancienneté qui n'ont pas mis les pieds dans l'entreprise qui les emploie, ni rencontré physiquement leur collègues. Comment font-il pour continuer d'apprendre. Je connais aussi d'autres collègues qui quittent sans pouvoir partager avec leurs pairs ce moment de passage tellement important...

Qui a su réinventer de nouveaux rituels d'intégration ou de passage ? Sont-ils à la hauteur ou bien une version dégradée de ceux d'avant ? Qu'en pensez-vous ?

Patrick DAVIGO

Publié le 29/04/2021