Comment les humains mutent-ils en cyclistes irresponsables ?

Je descends récemment du tramway à Nantes aux alentours de 18h30, juste devant moi des passages piétons peints en blanc permettent de traverser la piste cyclable. Je lève la tête vers la gauche et je vois arriver une file de cyclistes qui de toute évidence n’ont pas l’intention de ralentir, alors même que la distance le permet aisément. Des sonnettes retentissent pour demander aux passagers du tramway de bien vouloir laisser passer, ce qu’ils font bien entendu car ils n’ont pas vraiment le choix.

Je regarde le défilé et j’observe avec étonnement que les cyclistes sont aussi bien des femmes que des hommes, de tous âges, de toutes tenues vestimentaires, de toutes expressions de visage.

Vous avez probablement observé comme moi que nos villes sont envahies le matin et le soir par des hordes de cyclistes qui transforment pendant 1 à 2 heures les rues en zones de non-droit : feu rouge non respecté, passage piéton oublié ou utilisé comme piste cyclable, circulation sans équipement lumineux…et ce phénomène ne concerne pas uniquement les livreurs de repas ubérisés, mais surtout des personnes qui vont ou rentrent de leur travail.

Je suis convaincu que quelques minutes auparavant la plupart de ces cyclistes étaient des salariés, des travailleurs indépendants, des fonctionnaires, respectueux des individus et des règles dans leur environnement professionnel. Comment ces personnes adultes mutent-elles en quelques instants en cyclistes irresponsables, juste le temps d’enfourcher leurs 2 roues ?

Elles agissent comme si le fait de circuler à bicyclette allait bien au-delà des considérations environnementales souvent annoncées, comme si elles voulaient afficher leur volonté de passer à un autre mode de vie en s’exemptant de toutes les contraintes, et notamment celles du code de la route.

Le raisonnement serait alors « À défaut de pouvoir aller vivre dans la Creuse ou le Cantal, je m’offre chaque matin et chaque soir 1h de liberté sur mon vélo en faisant abstraction de toutes les règles »,un peu comme une thérapie en accès libre.

Ce phénomène relève probablement plus de la sociologie que des types de personnalité, je présume que de futures études permettront de mieux le comprendre, afin de pouvoir (peut-être) y remédier autrement que par de nouvelles lois et des procès-verbaux.

Jim BREMAUD

Publié le 28/10/2019